Parmi les adolescents japonais, une rumeur raconte que les personnes qui visionnent une certaine cassette décèdent mystérieusement exactement une semaine après... Une journaliste décide de mener l'enquête.
Ring est d'abord un roman à succès sorti en 1991 du japonais Kôji Suzuki. Il écrivit ensuite d'autres ouvrages consacrés à cette histoire et la télévision japonaise proposa un téléfilm et une série TV dérivés de ces roman. Enfin, en 1998, on confia à Hideo Nakata la réalisation d'une adaptation cinématographique. Ce réalisateur avait auparavant travaillé pour la vidéo, principalement sur des œuvres érotiques, puis avait fait un film fantastique, The ghost actress (1996). Ring connut un énorme succès, ce qui entraîna la réalisation immédiate d'un Ring 2 (1998) par le même auteur, puis d'une préquelle de Norio Tsuruta: Ring 0: birthday (2000). Cette série de films resta très populaire au Japon et déclencha une vague de remakes pirates dans toute l'Asie du sud-est. En Europe et aux USA, Ring se tailla une enviable réputation dans les festivals où il était projeté.
Ring propose d'adapter ce genre à notre époque contemporaine: on va donc voir un fantôme persécuter les vivants en s'emparant de techniques modernes, comme le téléphone, la télévision ou le magnétoscope. Ces objets qu'on utilise quotidiennement et dont l'aspect industriel et technologique semble exclure toute menace magique vont ainsi devenir porteurs de mort et de terreur. Cela rappelle beaucoup Poltergeist (1982) de Tobe Hooper et ses suites, qui renouvelaient eux-aussi le film de fantômes en l'adaptant à un univers quotidien moderne. D'ailleurs les scènes d'horreur de Ring basée sur le visionnage de la vidéo maudite, qui utilisent de manière angoissante la présence imposante du téléviseur, le fourmillement hypnotique d'un écran couvert de parasites et le grain bien particulier d'une vieille VHS, rappellent elles aussi une des séquences les plus fameuses de Poltergeist (lorsque la petite Anne est assailli par des spectres surgissant d'une télévision). On pense aussi aux hallucinations délirantes de James Wood dans Vidéodrome (1983) de David Cronenberg. De même, le pouvoir maléfique du fantôme influence aussi les images enregistrées par un appareil photographique (on pense alors à La malédiction (1976) de Richard Donner).
Ring bénéficie d'une réalisation extrêmement rigoureuse et soignée. Nakata parvient à rendre certaines séquences réellement terrifiantes en utilisant très habilement des procédés rappelant les meilleurs réalisateurs du genre (Halloween (1978) de John Carpenter, La maison du diable (1963) de Robert Wise, La féline (1942) de Jacques Tourneur...): il fait peur en combinant un découpage d'une grande précision et une bande-son très travaillé. Il évite aussi soigneusement de recourir à des débordements sanglants. Ring propose encore des visions fantastiques et morbides très réussies: le film étrange enregistré sur la cassette rappelle les œuvres les plus insolites de Bunuel (Un chien andalou (1929) de Bunuel et Dali...) ou de David Lynch (Eraserhead (1977)...). Les mouvements fantastiques des esprits sont obtenus en passant des plans à l'envers (comme dans la Chambre Rouge de Twin peaks: Fire walk with me (1992) de David Lynch, ou dans Le testament d'Orphée (1960) de Jean Cocteau...).
Mais après une première partie impressionnante, très originale et exploitant astucieusement l'excellente idée de la cassette meurtrière, Ring part dans une histoire de fantômes et de pouvoirs surnaturels plus conventionnelle, bien qu'intéressante, où sens de l'honneur et rumeurs médiatiques mal intentionnées vont nouer un drame atroce. Le rythme hyper-rigoureux finit par paraître lent et raide, tandis que les explications bavardes deviennent envahissantes. Pourtant, la fin propose un retournement tout à fait inattendue qui annonce une suite passionnante.
Ring n'est sans doute pas une œuvre révolutionnaire, mais c'est tout de même un film d'horreur réussi, à la réalisation très maîtrisé, contenant des idées très originales et parvenant à créer d'authentiques moments d'angoisse.